Le Carnet du collectionneur Le Carnet du collectionneur

Tous les saints de l'homme au chapeau

Ceux qui le connaissent l’ont vite rebaptisé « l’homme au chapeau ». Car c’est toujours avec un couvre-chef vissé sur la tête, que Michel Emond arpente des brocantes à la recherche de l’un(e) ou l’autre saint(e) pour compléter sa collection. Et cela depuis 35 ans déjà.

Quand on fréquente les saint(e)s, il s’agit aussi de faire des choix, histoire de ne pas (trop) se laisser envahir et de trouver une thématique qui permet aussi d’effectuer des recherches pour en savoir plus. Le Namurois se concentre donc sur les statues en plâtre, ce matériau qui, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, remplacera progressivement le bois et la céramique pour devenir le matériau principal de la statutaire religieuse.

Il faut dire que ce matériau dispose de nombreux atouts : facilité de reproduction en utilisant la technique du moulage, travail de polychromie plus facile que sur le bois et encore absence de cuisson. Tout cela a bien sûr aussi une influence sur le coût de l’objet, ce qui va permettre à la statuaire en plâtre d’entrer dans les chaumières et devenir ainsi un art dit populaire à part entière.

« C’est ce côté art populaire, donc plus abordable pour tout un chacun, qui me passionne le plus, confirme l’homme au chapeau. Je me documente, J’essaie d’en savoir plus sur la statue que je viens d’acquérir, sur son mode de fabrication, la technique utilisée pour la peinture, etc. ». Les ouvrages de référence ne manquent pas dans la bibliothèque, dont le livre Sancti, Nog meer heiligen herkennen, malheureusement pas traduit en français, et qui recense plus de 500 saints ! (patriarches, prophètes, martyrs, fondateurs d’un ordre, bienheureux, saints internationaux ou régionaux, etc.) avec notamment une classification par attribut. Bref, une véritable… bible pour tous les amateurs.

Comme tout bon collectionneur, Michel Emond est plus intéressé par les représentations de saints plus particuliers, moins connus que les incontournables Antoine, Hubert, Nicolas, Rita ou Thérèse.
 
L’art populaire, cela incite aussi à se concentrer, côté chine, sur des statues et objets exposés le plus souvent par des particuliers sur des brocantes. Ce qui permet d’éviter les éventuels trafics et origines douteuses de certains objets du culte recherchés le plus souvent pour leur valeur marchande.

Ici, dans la maison de notre collectionneur, les saints de plâtre sont pour la plupart alignés sagement sur des étagères où ils coulent des jours heureux.