Le Carnet du collectionneur Le Carnet du collectionneur

Une maison qui raconte la mode

Près d'un millier de chapeaux, des robes et des accessoires de mode qui remontent jusqu'à la fin des années 1800.

Face à la passion grandissante de Monique, la maison familiale s'est transformée en musée...

C’est l’histoire, assez classique, d’une collection qui se met en route un peu toute seule. Fin des années 1980, l’Ecaussinoise Monique Huysmans s’amuse à décorer un petit coin de son salon avec quelques chapeaux. La famille et les amis vont alors vite profiter de la moindre occasion pour agrandir la « garde-robe ». 

Trente ans plus tard, l’ancienne boulangerie transformée en vaste maison familiale a pris les allures d’un véritable musée de la mode qui témoigne d’une évolution des styles et des mentalités, depuis la fin du 18e siècle jusqu’aux années 1960. Les caves et l’essentiel des pièces du rez-de-chaussée sont en effets « squattés » par les magnifiques trouvailles de la collectionneuse, alors que l’escalier menant au premier étage sert aussi de présentoir à chapeaux...

 

L’endroit se visite sur rendez-vous et la « patronne » fait bien sûr office de guide. Les vêtements et accessoires de mode sont regroupés en différentes thématiques, tantôt chronologiques, tantôt axées sur les étapes importantes de la vie, naissance, communion et bien sûr mariage. Le tout fait l’objet de savantes mi--ses en scène destinées à valoriser au mieux les objets présentés. Les mannequins habillés de magnifiques robes sont aussi colonisés par différents accessoires, sacs, ombrelles, gants, bijoux, chaussures, parfums, épingles, éventails, foulards, carnets de bal... sans oublier bien sûr les fameux chapeaux, omniprésents. Soit un total de près de un millier de pièces, bibi à voilette, tambourin, tonkinoi, turban, toque, coiffe, capeline ou autre bérêt. 

 

Tous ces trésors ont été acquis lors d’expéditions en terre de chine, dans les grandes villes principalement, comme la brocante de la Place du Jeu de Balle à Bruxelles. La chineuse fréquente aussi régulièrement la belle brocante internationale du dimanche matin à Waterloo et elle profite encore d’escapades conjugales en Angleterre pour compléter sa collection. De plus en plus souvent aussi, Monique reçoit des dons de personnes très heureuses que d’anciens vêtements et accessoires qui dormaient dans des garde-robes depuis plusieurs décennies, retrouvent tout à coup une nouvelle mise en lumière.

 

Notre collectionneuse dispose bien sûr d’une abondante documentation, livres, revues, cartes postales, qui lui permet d’apprendre encore et toujours de nouvelles choses sur ce domaine inépuisable, et puis particulièrement sur ces fameuses et folles années 1920 qui la fascinent particulièrement. 

 

Le « musées de la mode » de Monique se visite sur rendez-vous. Il sera aussi ouvert le dernier week-end de septembre (les 23 et 24), dans le cadre de la 22e édition de « Ecaussines, Cité d’arts ».

Infos : 0475/637 063.

 

Les folles années 1920

La Première Guerre mondiale terminée, les femmes commencent à s’émanciper. Elles veulent être à l’aise dans leurs vêtements. La mode, telle que nous l’entendons, est née à cette époque, dans les années 1920. Elle s’inspire notamment du mouvement Art déco avec ses formes géométriques épurées. C’est aussi l’âge d’or des couturiers dont les maisons font vivre près de 500.000 personnes en France. La minceur devient une référence et, pour la première fois, le bronzage devient populaire. La femme des années 1920 porte les cheveux courts à la garçonne et les cache sous un chapeau cloche pour les sorties. La robe chemise est déclinée par de nombreux créateurs et portée dans des couleurs vives. Les femmes dévoilent aussi leurs jambes : la robe de jour et la jupe remontent au-dessus du genou avant de reprendre de la longueur dans la seconde moitié de la décennie. Le corset cède la place au corsage qui met en valeur la taille et le décolleté. La mode est au vêtement qui brille : paillettes, sequins et perles de verre s’incrustent sur les robes. Coco Chanel crée la petite robe noire qui deviendra un classique de la décennie alors que cette couleur était jusqu’alors réservée aux enterrements. Madeleine Vionnet impose aussi ses robes au drapé impeccable.

 

Les années 1930, plus classiques

La crise de 1929 va aussi toucher le secteur de la mode. C’est le retour au classicisme de l’avant-guerre avec des tenues plus conservatrices et conventionnelles. S’en est fini des tenues frivoles et des cheveux à la garçonne. La photographie de mode envahit les magazines féminins qui renvoient aussi une image de la parfaite mère de famille dévouée. Les femmes portent le plus souvent le tailleur dans la journée et réservent les robes moulantes et longues pour les soirées. Les épaules sont légèrement rembourrées pour donner au buste la forme d’un V. Les décolletés dévoilent le dos. Le corset fait un retour en retour en force sous forme de gaine et le chapeau se porte sur le côté de la tête, de façon asymétrique, sur une chevelure souvent bouclée ou ondulée. Dès 1936, les premiers congés payés créent l’envie de tenue plus décontractées et les femmes n’hésitent pas à porter des shorts. Les couturiers utilisent des matières nouvelles comme le   lamé et ornent les créations de strass et sequins. Fin des années 1930, le nylon fait son apparition et deviendra l’une des matières les plus demandées de la décennie suivante.

 

Les années 1950, c’était…

Le col claudine : pour avoir une silhouette de femme-enfant, provoquée par cette blouse au col rond.

La robe corolle : caractérisée par son buste moulant et son jupon gonflé, est une pièce pilier du style « New Look » de Dior. Yves Saint Laurent introduira une autre forme de robe, la collection Trapèze, qui représente des modèles droits et triangulaires.

La jupe crayon : un modèle près du corps et en-dessous des genoux. Adoptée par des stars du cinéma comme Marilyn Monroe ou Grace Kelly, cette pièce chic atterrit dans le vestiaire de toute cette génération.

Les chaussures bicolores : les petites ballerines beiges au bout noir deviennent la marque de fabrique de la Maison Chanel. La couleur beige était destinée à allonger la jambe, et la pointe noire à raccourcir le pied...

Le sac 2.55 de Chanel : commercialisé en février 1955, (d’où « 2.55 »). Ce sac matelassé avec sa chaîne dorée deviendra le produit culte de la marque.

Les longs gants : en soie ou en satin, portés au-dessus du coude, pour un effet chic.

 

New Look

Le New Look est le nom donné en 1947 par la rédactrice en chef du Harper’s Bazaar, Carmel Snow, à la silhouette créée par le couturier Christian Dior, qui révolutionne les codes de la féminité et de la mode. Le New Look est caractérisé par une taille fine très marquée, poitrine ronde et haute, des épaules douces et étroites d’un arrondi parfait, ainsi que des accessoires complétant la tenue. Il s’est construit en réaction à la mode des années 1940, marquées par le rationnement et l’austérité, où les jupes sont étroites et les épaules carrées. Le couturier rallonge les jupes jusqu’à arriver à trente centimètres du sol, et se concentre sur le trio taille/fesses/poitrine. La silhouette Dior promeut des robes bustier, les longues jupes larges, plissées, fluides, juponnantes, sous un buste souligné, dans une profusion de tissus.