Phénoménal: bientôt 60.000 boîtes...
On avait commencé la visite en admirant déjà des centaines de boîtes exposées dans la maison familiale, où seules la cuisine et la chambre ont été épargnées par l’invasion. On était passé ensuite par l’immeuble voisin où la collection s’expose principalement dans un magnifique décor d’ancien estaminet villageois. A deux pas de là, un grand bâtiment abrite notamment les longs rayonnages en bois et le comptoir d’une ancienne épicerie campagnarde des années 1930 : un autre décor, lui aussi bourré de nostalgie, et lui aussi vampirisé par les boîtes. Et puis on est entré dans le vaste moulin voisin. On monte à l’étage supérieur en empruntant deux escaliers grinçants d’un autre âge. On admire au passage la machinerie et puis on débarque sur ce palier qui domine une immense dépendance découpée en trois niveaux : sous nos yeux, des milliers et des milliers de boîtes encore, alignées, empilées, serrées les unes contre les autres. La vue est vraiment vertigineuse…
Nous sommes dans une vaste propriété en forme de véritable havre de paix, traversée par un ruisseau, à Grand-Hallet, petit village de la commune de Hannut. C’est le Guinness Book qui le dit depuis longtemps déjà et on le croit bien volontiers : la collection de boîtes en fer blanc lithographiées d’Yvette Dardenne est assurément la plus importante au monde. Combien de boîtes, nous direz-vous ? La réponse est relativement précise : pour l’instant, on en comptabilise un peu plus de… 59.600.
La maîtresse des lieux s’appelle Yvette Dardenne, alerte octogénaire. En 1987, une tante de son mari lui confie des photos de famille et la boîte en fer blanc lithographié qui les contient. Yvette se rappelle alors de la boîte à laine de sa maman, illustrée par le portrait de la regrettée Reine Astrid. Elle va donc partir à la recherche de ce souvenir d’enfance en sillonnant les brocantes. Et elle va vite s’apercevoir qu’il y a décidément de bien jolies boîtes à récupérer. En voici une, encore une autre, une troisième… et puis la possibilité de racheter une collection de 164 pièces. Le virus est inoculé et dopera très vite une intense activité. Yvette entre en collection comme on entre en religion.
Quatre ans plus tard, le Guiness Book officialise déjà le record de 16.452 pièces différentes. Il actualisera ce chiffre en 1997 en citant le chiffre de 28.830 pièces. Vingt et un an plus tard, on en dénombre largement plus du double. On imagine facilement l’investissement en temps (et en argent) que représente cette collection phénoménale. D’autant que notre collectionneuse ne s’est jamais imposée de limite : « Je ne privilégie pas un thème ou un autre, je m’intéresse à toutes les boîtes en fer, de tous âges, de toutes origines et pour tous les usages ». La présentation, osons-dire la scénographie, s’efforce quand même de regrouper les boîtes par thématique. Il y a déjà les (très) nombreuses pièces liées à l’alimentaire : le café bien sûr, mais aussi la chicorée, le thé, la poudre de cacao, les potages, la moutarde en poudre, les épices, le sucre, les biscuits, le chocolat, les bonbons… Il y a aussi tous les produits liés à l’entretien de la maison : cirages, encaustiques, lustrants pour cuivres et pour fourneaux… D’autres regroupements se sont aussi imposés naturellement en fonction de la forme de l’objet, comme par exemple les moyens de locomotions, les composantes d’un cirque, les maisons, les châteaux-forts. Il y a aussi les pièces qui ont été conçues pour connaître une seconde vie en se transformant en jouets, vases, horloges, valisettes, coffres ou tableaux... On pourrait encore citer les monuments (Atomium, Tour Eiffel...) ou événements célèbres et les différentes fêtes qui rythment l’année.
Sans oublier bien sûr notre famille royale et cette mythique Reine Astrid qui a tout déclenché…
La collection de Yvette Dardenne se visite sur rendez-vous : 019/63 43 92.
Les Anglais, rois du marché
Avec le carton, le fer blanc est la principale matière première des produits d’emballage au XIXe siècle et cela jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale où il sera détrôné par le plastique. Ce sont les Anglais qui vont dominer le marché jusqu’au XXe siècle en raison de leur maîtrise de la technique de laminage et de leurs ressources d’étain provenant de leurs colonies. On utilise à l’époque de l’acier martelé, puis laminés en tôles.
Celles-ci sont soigneusement décapées puis étamées afin de limiter l’altération des denrées. Les premières boîtes en fer seront recouvertes papier lithographié. Apparaîtra ensuite la boîte en fer non appertisée, qui n’a donc pas pour rôle premier de conserver les aliments.
Elle est décorée à la main ou au pochoir, directement lithographiée ou imprimée par transfert lithographique, avant de connaître l’impression offset puis le chromolithographie.